samedi, avril 25, 2020

Drug Dealer Simulator - A Cergy Pontoise Experience


 

L'expérience de la solitude dans des univers parallèles n'était pas sufisante.

Savez-vous que j'ai habité Cergy Pontoise ?

Et bien j'ai habité Cergy Pontoise. Dans un quartier qui se voulait experimentateur d'une certaine conception de la mixité sociale. Ca a été une experience. Il y a eu cette fois par exemple où je me suis trouvé coincé dans un ascenseur avec un type qui ne me décocha en regardant mon animal de compagnie qu'un "C'est un chien qui coûte cher." . Il y avait cet autre type viré "sans raison" d'une école primaire, artiste, et qu'une recherche Google avait montré que ses grande passions étaient d'uploader des photos de lui a poil via les ordinateurs de la ludothèque,  et tourner dans des pornos gays.

Et puis, l'odeur de beuh. Toujours. Ou que vous alliez. Distillée par des représentants commerciaux locaux qui ne comptaient pas leurs heures, attendant longuement sous les lampadaires. Comme dans un bon reportage du JT de Pernaut, ils disaient toujours bonjour.

Comment ces gens vivent le confinement ?

Et bien si j'en crois Drug Dealer Simulator, ils ne doivent pas manquer de Bicarbonate de Soude.


 

Se réapproprier l'espace

La premièrechose qui choque lorsque l'on lance le jeu, c'est qu'il marche.
Pour un titre aussi racoleur, le jeu offre une expérience visuelle honnête,  une certaine fluidité due a l'Unreal Engine et les options graphiques qui vont avec, et des contrôles et une interface graphique qui, si elles restent assez brutes, sont franchement fonctionnels. Un jeu qui s' appelle Drug Dealer Simulator ne devrait pas en avoir le droit. Il y a meme une traduction française quasi convenable.

La deuxième c'est qu'un dealer de beuh a Cergy Pontoise ne vit pas dans un appartement aussi spacieux. Ou bien j'aurais quelques mots à dire à mon conseiller d'orientation du collège.

Par contre l'extérieur est bien moche, et ça, quelque part c'est rassurant. J'ai pas fait Bac+12 pour vivre dans une ville où les batiments, bennes a ordure, et décharges publiques ont disposé n'importe ou.




Meme les quelques personnes que l'on croise ont un aspect qui rivalisent avec leurs choix vestimentaires.

Pas de doute, le développeur doit habiter à Cergy Pontoise.


Fort heureusement la communication est presque automatique et les choix de dialogue inconsequents. Non seulement j'ai perdu l'habitude de communiquer avec mon prochain depuis le début des évènements, mais en plus mon Banlieusard est un peu rouillé. Do you speak kebab?  Habla marijuana ?

Là,  c'est le moment embarrassant Au final, je n'ai joué qu'a DDS (car il faut bien l'appeler par son petit nom) qu'un peu plus d'une heure et j'ai l'impression que la moitié de ce temps a été consacré à trouver cette foutue "boite morte".


Putain,  je l'ai reluquée sous tout les angles cette caissière moche au cas où elle planquerait la came dans son cul (Ah! Tiens ! Le banlieusard me revient !) mais au final j'avais encore une fois sous estimée la réalisation de ce jeu, puisqu'il vient fourni avec un marqueur de quêtes quasi fonctionnel. La marque des grands jeux.



Maintenant que j'ai la substance du désir,  je dois répondre aux clients via mon PC. Curieux, j'ai pourtant un malinphone qui fait même lampe-torche.

J'ai un peu plus de facilité à trouver les clients que les "boites mortes" ; à leur expression, on devine cependant les ravages de la drogue. Mes clients sont eux mêmes, somme toute, des boites mortes. Les mecs paient cash. J'ai connu des employeurs moins honnêtes. Très hâte d'inclure tout cela sur ma déclaration de revenu.

La nuit finit par tomber, mais la drogue dort-elle ? Non, la drogue n'attend pas. Sous couvert de la nuit, on me conseille d'acheter de quoi fabriquer mes propres mélanges.

Attendez. On peut créer ses propres mixtures ?

 



Ce simulateur de promenade se mixerait-il d'un sorte de Top Chef de la drogue ? Un peu comme Cooking Mama mais en fait ça serait Cooking Cousin ?

Ca a quel goût le Bicarbonate de Soude ? 
C'est probablement bon. Toutes les recettes de grand mère incluent du bicarbonate de soude.

En rentrant chez moi, je suis absolument estomaqué. Attendez, on peut composer des mélanges ? Il faut donc prendre en compte le coût de chaque mélange, le profit que l'on peut espérer en faire, son caractère addictif, sa complexité.

Je.

Attendez.

Drug Dealer Simulator est un VRAI JEU ? 

Au moment où j'aborde cette séquence, mon coeur est déchiré, car figurez-vous que je suis en train de streamer le tout sur Twitch. L'ensemble mérite que l'on s'y attarde. Que l'on y réfléchisse. Un pro-gamer aurait déjà foutu le jeu en pause et démarré un tableau Excel pour Min/Max-er son profit. Mais moi, j'ai une audience. Ils sont 4, d'après mon tableau de bord, à se demander activement ce qu'il va se passer. Du coup je fais n'importe quoi. Weed et Bicarbonate. Ecsta et Bicarbonate. Dans des proportions non réfléchies. Je vide tout mon stock, et j'ai plus un rond. Il faudra espérer que la suite se passe bien.

Les clients sont contactés ; mais mon HUD me signale désormais que la police rode à cette heure-ci.

Quoi ? La police a ses heures ? On est à Sartrouville avec un couvre-feu à 22h ou bien ?


Je mets les pieds dehors. Tout semble calme. Pas l'ombre d'un condé en vue, comme on dit à Cergy-Pontoise. Mais rapidement, l'affaire tourne au sale, (comme dit Tintin).



Vingt-deux !

Il faut courir, courir, ne pas s'arrêter, grimper, n'importe où.

Mais je ne sais pas comment font les flics, ils se téléportent, ils se cachent subreptiscement dans mon cul, mais en voilà qui surgit et m'immobilise d'un endroit où il semble impossible de surgir et d'immobilier. J'ai le replay pour le prouver. Bon. Peut-être suis je de mauvaise foi, ce qui serait une première à la fois pour moi et pour un dealer de drogue.

Malgré l'univers dystopique dans lequel j'évolue, ma sanction ne semble pas, à première vue être la mort. Mais un tour dans mon inventaire me catastrophe.

Au final, il ne me reste que le bicarbonate de soude. Plus un rond. Plus une barette.


Juste du bicarbonate.

C'est donc la fin de ma carrière de Dealer, même si le Game Over ne s'affiche pas. Tant que "récurateur" simulator ne sort pas, il me sera impossible de gagner de quoi manger un simple kebab. 

Et je quitte donc le jeu, et coupe le stream, le tout avec le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. Drug Dealer Simulator n'est peut être pas aussi terrible ou si profond que cela. Mais c'est un vrai jeu. Fonctionnel. Avec du gameplay, et même un peu de fun. Il mérite davantage qu'une heure de mon temps, mais voyez-vous, je n'ai pas le temps.

Pour le prochain article, je me confinerai avec des gens que j'ai l'impression de connaître depuis toujours.



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