jeudi, octobre 25, 2012

Deux pour le prix d'un, mais pas ici.

 (Cliquez pour les liens internes)

Madame, Monsieur,

C'est avec le plus grand des honneurs que je vous annonce une mise à jour exceptionnelle, qui revet une forme un peu particulière cette fois ci puisqu'elle n'aura pas lieu sur ce site en tant que tel.

J'ai en effet eu l'étonnant honneur (accompagné d'un plaisir non négligeable) d'être invité à écrire deux critiques pour le site merlanfrit.net . Alors oui, au départ, quand on m'a demandé d'écrire pour un site qui s'appelle "Merlanfrit" , je me voyais déjà vanté les mérites du saumon de norvège comparativement aux batonnets de colin.  Coup de bol, ils m'ont gentillement expliqué que ce n'était pas exactement ce qu'ils attendaient.

Voici donc :





dimanche, août 05, 2012

Gabriel Knight 3 - La moustache tranquille





Une fois n'est pas coutume, ne parlons pas d'un mauvais jeu, mais plutôt d'un jeu honorable avec un passage parfaitement scandaleux.

Nous sommes en 1999. Le jeu vidéo se remet petit à petit de mutations successives : passage au suport CD, accélération 3D... Une série permit de suivre cette évolution à elle seule. Gabriel Knight. Le premier, sorti sur support disquette a des graphismes en VGA 256 couleurs, le second est entièrement filmé avec acteurs réels, le troisième est l'un des premiers jeux d'aventure entièrement en 3D. En 3D moche. Trois jeux, trois styles graphiques différents. Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle se distingue Gabriel Knight.

Et vous me connaissez, je ne vais pas vous parler des qualités, pourtant elles sont assez nombreuses dans la série : qualité d'écriture relativement élevée pour l'époque, scénarios inspirés de faits historiques réels... Le jeu qui nous préoccupe aujourd'hui se focalise sur le mystère de l'abbé Saunière et du trésor que le curé y aurait découvert à Rennes-le-château.

Un scénario énigmatique, plombé par une énigme à la con. Une seule énigme, qui a elle toute seule a mon humble avis a tué entièrement le genre du jeu d'aventure point&click pour quelques années. Un effet bulle. A force de chercher chaque jour des combinaisons d'objets un peu plus compliquée, cette fois ci les game designers ont pété une durite.

J'aurais pourtant du me méfier quand un beau jour dans un magazine de soluce, alors que je n'avais pas encore le jeu j'avais pu lire cette phrase :

"Utilisez la préparation hémorroïdaire sur la fenêtre pour la décoincer."




L'enigme du chat à moustache.

Mise en situation :
Gabriel Knight est à la demande d'un prince albanais à Rennes-le-chateau pour enquêter sur le kidnapping d'un bébé. Rennes-le-chateau serait un bled parfaitement paumé s'il ne y'avait pas ce fameux mystère de l'abbé Saunière. Inutile de dire que l'on ne trouve pas de métro à Rennes-le-chateau, et que le réseau de bus désservissant cette commune de 93 habitants est légèrement insuffisant.

Gabriel n'a qu'une envie : explorer les alentours. Et pour ça, il lui faut louer une moto... Sauf que bien sur, dans un jeu d'aventure, rien n'est aussi simple qu'il n'y en a l'air. Toutes les motos sont déjà réservés. Gabriel n'a qu'une solution: usurper l'identité d'un des locataires, et il pense bien sur à son meilleuir pote, présent  ici également (quelle coincidence!) pour cela : Mosley.

On comprend rapidement qu'il faut se déguiser en Mosley pour pouvoir louer la moto, et on bascule immédiatement dans un cauchemar de torture illogique.




-La première chose à faire est de voler le passeport de Mosley. Pour cela, il faut semer des bonbons un peu partout pour lui piquer quand il dépasse de la poche arrière de son pantalon alors qu'il se penche pour se ramasser. Parfait. Jusque là rien d'exceptionnel (malheureusement).

Ensuite, on monte crescendo.
-Pour se déguiser en Mosley vous aurez besoin de sa veste ainsi que de sa casquette, car c'est bien connu, il suffit d'avoir la même veste et la même casquette que quelqu'un sur un passeport pour avoir immédiatement la même tête ! Surtout sur un passeport ou on porte une casquette sur la photo, bien entendu !

Vous me direz, ouais, c'est soft, j'ai vu pire, dans Runaway, Day of the Tentacle par exemple....
Alors accrochez-vous. Prenez mon bras, ne le lachez pas, car le voyage dans le puzzle design que nous allons faire ne vous laissera définitivement pas indemne.

Bien évidemment, la veste et la casquette ne suffiront pas à tromper la vigilance du loueur. L'objet indispensable, d'après Gabriel, pour ressembler à Mosley, c'est une fausse moustache. Une fausse moustache. Oui.

C'est à ce stade que vous commencez à avoir un moment d'arrêt, de doute, de circonspection. Une fausse moustache ? Aurais-je eu une hallucination ? Il me semblait pourtant que Mosley......



(Mosley. Ouaip. Pas de moustache.)

Néanmoins, le meilleur moyen de lui ressembler dans le jeu reste cette fausse moustache. Je réecris cette ligne, parce que je pense qu'on ne peut pas être assez clair ici : POUR RESSEMBLER A UN MEC SANS MOUSTACHE, GABRIEL DECIDE DE TROUVER UNE FAUSSE MOUSTACHE.

Et là vous vous dites, "comment est ce possible ? Comment ces développeurs sont passés à coté d'une telle incohérence ? Ils sont pourtant expérimentés chez Sierra.". Et bien rassurez-vous, ils ne sont pas passé à coté. L'étape suivante du puzzle : Mosley n'ayant pas de fausse moustache et vous en voulant une, il convient de remédier au problème.... mais comment ? Facile ! EN DESSINANT UNE PUTAIN DE MOUSTACHE SUR LA PHOTO DU PASSEPORT !

Logique de jeu d'aventure !

Tout est normal !

En plus ça ne se verra pas du tout !

Et là, vous riez. Vous vous dites "haha, c'est bon, j'ai résolu ce puzzle illogique, c'est vrai que c'était n'importe quoi !" Sauf que vous oubliez un détail :  où trouver une fausse moustache à Rennes-le-chateau ?  Pour ne pas vous gâcher la surprise, je me permets ici de vous décrire la séquence suivante comme aurait du l'écrire un magazine de jeu vidéo de l'époque, avec un parfait sérieux, sans sourciller.


Comment se fabriquer une fausse moustache

1.
Retournez dans votre chambre d'hôtel. Dans le placard, décoller le scotch qui était jusque là collé sur le cintre. L'endroit parfait pour coller un scotch.
2. Trouver un chat.
3. Remarquer comme le chat se cache régulièrement dans un trou sous une porte.
4. Coller le scotch dans le trou.
5. Faire peur au chat. Le chat se réfugie dans le trou, perdant quelques poils à cause du scotch. Et voilà vous avez fabriqué une fausse moustache à base de poils de chats !

Mais ca n'est pas tout.

Vous vous dites qu'on ne peut pas tomber plus bas ?

Parce que bon, comment vous faites pour vous mettre les poils de chat sur la tronche  ? Le scotch est déjà utilisé ! Hein ? Avec de la colle ? Avec un autre scotch. Que nenni.

6. Retournez dans la cuisine de l'hotel.
7. Piquez un échantillon de sirop d'érable.
8. Barbouillez vous la gueule de sirop d'érable.
9. Appliquez soigneusement les poils de chats !

Et voilà ! Vous avez fabriqué une fausse moustache a base de poils de chats pour ressembler à un mec qui n'a pas de moustache ! L'histoire peut continuer à avancer. Une histoire de bébé kidnappé, mais bon, on a pas que ça a foutre, on a des moustaches a base de poils de chat a fabriquer nous...

Putain, j'aurais du me méfier quand dans l'épisode précédent on m'avait demandé de cacher un coucou suisse dans un pot de fleur pour distraire un garde pendant sa ronde...

(Les chats, fournisseurs officiels de Moustache depuis 1999).

mardi, juin 19, 2012

HATOFUL PIGEON

Un boulevard parisien quelconque. Une bête ailée se pose devant moi. Un rat volant du troisième millénaire. Un pigeon.



Je l'observe avec attention. Il est gros, comme tout les pigeons parisiens. Il faut dire qu'ils n'ont ici qu'a se baisser pour ramasser les innombrables restes de kebab qui pullulent le quartier. Les pigeons parisiens ne volent plus, ma bonne dame...
Je m'interroge en le regardant. Je ne sais pas pourquoi mon regard s'est porté sur lui. Ses frères sont pourtant légion tout autour de lui. Mais d'ailleurs est-ce bien lui que je regarde depuis quelques minutes ? Mon œil fatigué ne vole t'il pas, sans que je m'en rende compte, de pigeon en pigeon, comme eux volent de résidu de frite avarié en miette rassie ? Ils sont tous pour moi identiques les uns les autres. Mes pensées m'amènent alors très loin. Je me prends à rêver d'un monde où les pigeons auraient chacun un caractère et un aspect propre. Un monde ou en mangeant un sandwich sur un banc je puisse reconnaître Pierre à une patte, Paul le gris et Jacques le Gros.

Utopie !

Je comprends que la folie me guette. Je ferme les yeux, essaie d'en retrouver l'origine.





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"Non, arrête, c'est fini pour moi. J'ai définitivement tourné le dos à ces conneries." dis-je.
Je suis debout face à mon fournisseur. Un mec en imper, dans une sombre ruelle parisienne nocturne. Un passant avance derrière moi, se demandant probablement combien il peut tirer de la revente de mon sang et, de manière optimale, d'un rein.
"Non mais je te garantis que tu n'as jamais rien vu de tel. En plus, aucune accoutumance. C'est bref, quelques heures d'extase, et tu n'en parles plus, tu as fait le tour du sujet, mais quelle expérience !".
Il me tend un CD-R.
"Allez, tu te feras du bien, tu verras.". Je soupire, je prends le CD. J'ai peur de replonger. Je le salue, rentre chez moi en espérant plus jamais ne le revoir.
En montant les escaliers menant à mon appartement, je me demande si je n'ai pas fait la plus belle connerie de ma vie.

Il est deux heures du matin. Autour de moi, Paris dort. Les pigeons ont disparu.Où vont-ils quand vient la nuit ? Les seules personnes debout sont quelques demoiselles cherchant à prodiguer de l'amour à des messieurs qui sont prêt à en acheter, d'autres qui essaient de convaincre par l'alcool, et des couples qui de toute façon font ça quand ils veulent. Deux heures du mâtin. Alors que tout Paris ne cherche qu'à baiser, moi, c'est un CD que j'insère dans mon ordi.



Des caractères illisibles et aléatoires, symptomatiques de polices non installées, s'affichent pendant le processus d'installation. Je ne comprends pas là où je clique. Cela ne peut vouloir dire qu'une chose : c'est japonais.

Seigneur, que s'était il passé la dernière fois que j'avais voulu essayé un truc japonais sur ce blog ?

Un patch de traduction amateur sur le CD me confirmera immédiatement mes craintes. Après quelques aléas relatifs à la résolution (le jeu est natif 640x480 , il faut forcer la résolution à la baisse de Windows pour avoir une image plus grande qu'un timbre poste, à cette heure tardive et face à un logiciel dont le lancement me résiste, j'ai le sentiment de faire quelque chose d'interdit...  Et donc de forcément excitant.


Le logo du développeur s'affiche : c'est un pigeon. Pourquoi pas.



Le titre du jeu s'affiche. Un pigeon la aussi.



Quoi ?

Comment ça ?

Et pourquoi y'a t'il BOYFRIEND dans le titre ? Pourquoi associer Boyfriend et Pigeon ? Voilà qui est ... inhabituel. Je prends une inspiration. Je crois qu'il me reste un peu de vin. Je vais en avoir besoin.
Deux verres plus tard et une boule au ventre, je trouve enfin le courage de cliquer sur NEW GAME.

Le jeu commence par me prévenir poliment : il y a des gens qui figurent au casting pour le doublage du jeu, mais il n'y a en fait aucun doublage et tout est à base de texte.

D'accord.  Un troisième verre de vin.

Le jeu me demande mon nom. Comme j'ai vaguement compris à ce stade qu'il s'agit d'un digital comic qui parle de pigeons, je décide de m'appeler "DUCKLOVE DORIGHT." . J'apprends avec effroi dans la foulée que je suis une femme.

S'ensuit le choix le plus difficile, le plus incompréhensible de mes 26 ans de jeux vidéo. Le jeu me demande s'il veut que j'affiche des visages humains d'acteurs de doublage parfaitement imaginaires pour m'aider à imaginer le doublage qui n'existe pas. Probablement également pour me sentir moins inconfortable à l'idée de parler à des pigeons.

Là, autant vous le dire tout de suite, j'ai fini la bouteille. Je m'arrête avant de cliquer sur oui ou non, bien conscient que quelque soit le choix que je ferai, il aura des conséquences irrémédiables sur ma santé mentale. Mais la décision vient rapidement : non, je ne veux pas voir des pigeons à visage humain, ou l'inverse. Je veux voir jusqu'à quel endroit le lapin blanc veut m'emmener. Je veux voir si le terrier est profond.

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BIENVENUE A L'INSTITUT SAINT PIGEONATION



bla bla bla bla "je suis la seule humaine de l'institut qui n'est rien d'autre qu'une école d'élite de pigeons..." ... ok... "bla bla bla mon meilleur ami est un pigeon qui s'appelle Ryuta..."....

Me reste t'il de la vodka ? Y'a t'il un quelconque magasin d'alcool encore ouvert dans le quartier à cette heure si ?

Mon meilleur ami le pigeon commence à me faire la conversation. Une conversation bien sure parfaitement sans intérêt : c'est un pigeon. Je devrais m'estimer heureux qu'il ne parle pas de miettes de pain ou de faire caca sur des voitures.

Je suis heureux que personne ne me voie, chez moi. J'ai bien fermé les rideaux. Pourtant je ne suis pas en train de me branler devant un porno.... non... je joue juste à un dating game AVEC DES PIGEONS.



 
Quelques minutes plus tard, je fais connaissance avec mon professeur. Un pigeon, lui aussi, qui a l'étonnante particularité de s'endormir pendant qu'il donne ses cours. Ha ha ! Que c'est cocasse ! Il fait l'appel, et bien évidemment, après quelques banalités, il en fallait un : le gamin emo de haute noblesse avec une grande estime de lui même, mais qui au fond de lui ne cache qu'un océan de souffrance.

SEPHIROTH ?
Non, un pigeon.



Il accepte de dire son nom. Je crois que c'était Sakuya. Je vous dis, "je crois", parce que franchement, et ça me tue de dire ça quelques jours après le décès de Thierry Roland, mais y'a rien qui ressemble plus à un pigeon qu'un autre pigeon. Surtout qu'ils sont tous gris et qu'ils font tous trente centimètres.

Il souffre d’une haute opinion de lui même, mais  si j’en crois ma vaste expérience du genre, il doit probablement caché un lourd secret. Je l’évite.


(NE PAS CONFONDRE... l'un est un fils à papa qui rêve de domination du monde, l'autre est Sephiroth)

Au fil de mes errances dans les couloirs et dans les cours de cette école pour pigeon... j'ai du mal a écrire cette phrase... dans cette école pour pigeon, donc, je fais connaissance de pigeons en tout genre.


Comme lui.


Lui.




Ou encore lui.


Ce dernier mérite par ailleurs une mention spéciale : il s'agit du responsable de l'infirmerie. Infirmerie pour laquelle j'ai accepté de me porter volontaire en dehors des heures de cours. Le Docteur Shu (parce que c'est son nom) déteste que l'on fouille dans son bureau. Et chose curieuses, il y a des rumeurs de disparitions inexpliquées à Saint Pigeonation... Il paraît même que le Docteur Shu ferait quelques expériences sur des hum... des pigeons... je n'arrive pas à m'habituer, foutre dieu.
Mais c'est ce gros lourd dragueur et timide (ben voyons) qui a asséné le choc final à ma santé mentale. Ce camarade de classe me parle d'un bloggeur dont il est fan, Brian le pigeon, et m'invite à aller voir son blog.



Mais ce n'est pas possible. C'est de la fiction.

Je dormirais mieux si je vérifie néanmoins.

OH BORDEL....




OH BORDEL !!!! (cliquez, si vous l'osez)


Les jours passent, on me demande de choisir un club, une activité periscolaire dans le cadre de l’école, parce que le Japon ne fait rien comme tout le monde, pigeon ou pas. Je me rends compte qu’il y a une petite composante stratégique, puisque chaque décision influe sur ma force, mon charisme, ou mon intelligence.

Je n’aurais jamais hélas l’occasion de découvrir quoi sert à quoi. A cause du drame, bien entendu.

Ca s’est passé un jour de septembre, selon le jeu. Juste après la rentrée scolaire. Je venais de repousser les avances d’un pigeon timide. Le soir, je me rendis à une petite fête nocturne, et moi, jeune femme sans défense, j’y aie croisé mon professeur... Celui qui s’endort quand il parle. Il m’a proposé de me raccompagner chez moi. J’ai accepté.

Je me suis alors rendu compte que je vivais dans une grotte. Ce qui est tout à fait normal quand on veut vivre proche des pigeons. Qui n’a jamais entendu parler des pigeons des grottes?

 (Bienvenue chez moi.... N'hésitez pas, mettez les pieds sur la table)

Contrairement à ce que votre imagination perverse vous suggérera probablement, il ne s’est rien passé ce soir là. Je suppute néanmoins que l’incident qui a suivi quelques jours plus tard est lié. Sortant de nul part, une cinématique présente un rassemblement de la “Faction des faucons”. Je ne vois aucun visage, mais je comprends que les mystérieux conspirateurs décident de me tuer.  Leur motif est simple : je ne me suis pas assez ENGAGE EMOTIONELLEMENT avec mes amis pigeons.

OUI PARFAITEMENT.

Je ne sais pas ce qui m’a pris. Mais j’ai voulu retenter ma chance. J’ai voulu voir le bout de l’horreur. Refuser au professeur l’accès à ma “chambre” n’a fait que retarder ma mort de quelques semaines. Au bout de trois tentatives, je n’ai plus eu le courage.

Il fallait que je témoigne.

Que je vous raconte.

Vous m’avez manqué.